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PORTRAITS AVEC TATOUAGES

 

En rencontrant des personnes tatouées par connaissances interposées, j’ai découvert l’inépuisable palette des thèmes de ces œuvres et des motivations de ceux qui les portent, de l’effet de mode à l’envie de marquer une étape de vie qu’on juge essentielle. J’ai aussi vu qu’une fois tracés, les tatouages ont une vie indépendante sur la peau : les dessins se dégradent ou perdent leur sens, ils sont recouverts, prolongés, complétés par d’autres.

 

Aujourd’hui, le geste du tatouage semble presque banal, il s’éloigne de son histoire sulfureuse. Pourtant, à l’annonce de mon sujet, j’ai été surprise par des réactions de rejet pour le moins « épidermique ». Les fantasmes sont tenaces, teintés de marginalité, mes interlocuteurs se projetant dans des clichés de sensualité exacerbée, voir même de brutalité (toujours une marque de mauvaise vie ?).

 

Forte de tous ces échanges, j’ai réalisé des portraits « sans visage » pour ne pas faire du tatouage un prétexte. J’ai choisi des scènes quotidiennes plus qu’intimes où ces dessins définitifs sont offerts au regard des autres. Mes modèles sont occupés ou ils ont tout simplement l’esprit ailleurs. Les plans resserrés et la profondeur de champs placent immédiatement les tatouages au centre du cliché. L’utilisation d’un film argentique noir et blanc avec un grain prononcé construit une douceur sensuelle.

Aurélie Prissette

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